Le 19 juin 2025, en milieu d’après-midi, une importante mortalité piscicole a été constatée sur la rivière Deûme, entre le Pont de la Pierre à Boulieu-lès-Annonay et le centre-ville d’Annonay. Ce nouvel épisode de pollution survient dans un contexte de tension croissante sur la ressource en eau, alors que la région subit depuis plusieurs semaines une baisse marquée des débits et des températures anormalement élevées.

L’origine de cette mortalité semble liée à des rejets d’eaux usées non traitées, provenant d’une canalisation de transfert endommagée lors de la crue du 17 octobre 2024. Depuis cette rupture, des effluents ont continué à se déverser dans la Deûme.

Lors de notre Assemblée Générale de février 2025, nous avions pourtant alerté les élus locaux sur le risque que représentaient ces rejets, particulièrement à l’approche de l’été et des périodes d’étiage. Plusieurs acteurs du domaine de l’eau avaient également exprimé leurs inquiétudes quant aux pollutions récurrentes liées aux défaillances des réseaux d’assainissement ou des déversoirs d’orage, dans un contexte de faibles débits et de températures en hausse.

Jusqu’à fin avril, le débit de la Deûme permettait encore une dilution suffisante des effluents. Mais à partir de la mi-mai, la baisse continue des débits combinée à des températures élevées a entraîné une concentration critique des polluants, perceptible par une forte odeur et des variations inquiétantes de la couleur de l’eau.

Le 12 juin, une dégradation importante de la qualité de l’eau a été signalée au gestionnaire des réseaux d’assainissement. Ce signalement mettait déjà en évidence la vulnérabilité de la rivière face à une situation hydrologique critique. Pourtant, malgré ces alertes répétées, aucune action suffisante n’a été entreprise, et le 19 juin, la mortalité piscicole s’est malheureusement produite.

Près de 6 km de cours d’eau ont été touchés. Un sondage réalisé par la Gaule Annonéenne, 4 km en aval du point de rejet, sur un linéaire de 300 mètres, a permis de mesurer localement l’impact de cette pollution. Le constat est édifiant :

697 poissons morts, représentant environ 12 kg de biomasse piscicole, ont été recensés.
Détail du décompte :

    • 332 truitelles de l’année (0+),
    • 37 truites de 17 à 30 cm,
    • 182 goujons,
    • 51 blageons,
    • 85 vairons,
    • 8 chevesnes,
    • 2 loches franches.

Bien que la mortalité n’ait pas été totale, elle témoigne d’un impact écologique sévère et durable, particulièrement sur la population de truite fario, dont les jeunes individus ont été les plus touchés.

Dès le soir du 19 juin, des travaux d’urgence ont été engagés par la collectivité pour endiguer les rejets. La question est de savoir pourquoi de tels travaux n’ont pas pu être engagés plus tôt afin de prévenir tout impact sur la qualité de nos cours d’eau ?

Face à ce constat accablant, notre association, en lien avec la Fédération Départementale de Pêche de l’Ardèche, va déposer plainte contre X. Il est indispensable que les responsabilités soient établies, que des engagements concrets soient pris par les gestionnaires et que des solutions durables soient mises en œuvre pour prévenir de nouveaux épisodes de ce type.

Une pêche électrique d’inventaire, conduite par la Fédération Départementale de Pêche de l’Ardèche, aura lieu le jeudi 3 juillet sur la Deûme à Annonay. Cette opération permettra d’évaluer plus précisément l’impact écologique de cette pollution et d’établir l’état sanitaire de la faune piscicole restante.

La situation hydrologique actuelle est particulièrement préoccupante : les débits de nos cours d’eau poursuivent leur baisse, tandis que la température de l’eau sur la Deûme à Annonay atteint des niveaux critiques, entre 25 et 26 °C à Annonay. Ces conditions extrêmes, désormais fréquentes en raison du dérèglement climatique, imposent une vigilance renforcée, une gestion rigoureuse de la ressource en eau et une maîtrise stricte des prélèvements, notamment les pompages directs en rivière.

Notre association reste pleinement mobilisée, en lien avec les services de l’État et les collectivités locales, pour suivre de près l’évolution de la situation et défendre la préservation de nos cours d’eau et de leur biodiversité.

Nous invitons tous les pêcheurs et usagers de nos cours d’eau à signaler aux collectivités ou à notre association toute source potentielle de dégradation (rejets, pompages impactants, remblaiements, travaux, etc.) afin d’agir rapidement et d’éviter de nouvelles mortalités piscicoles.

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